Par son ancienneté, l’église Saint-Denis peut être qualifiée d’ « église des canuts ». A l’origine il ne s’agissait pas d’une église paroissiale mais de la chapelle du couvent des Augustins deschaussés établis sur le plateau depuis le 17ème siècle (*). Avant cette date, le secteur encore très peu peuplé dépendait de trois paroisses lyonnaises dont les églises étaient localisées au bas des pentes. C’est en 1623, lors d’un chapitre tenu en Avignon, que les Augustins deschaussés prennent la décision de fonder une maison à Lyon. Un des pères fait un voyage de prospection dans la capitale des Gaules et en avril 1624 une requête est adressée aux Echevins de Lyon, c’est à dire le conseil municipal de l’époque.En voici un passage essentiel:

« Qu’il vous plaise de admettre les suppliants au lieu de la Croix-Rousse, lung de vos faulxbourgs ou il n’y a aulcuns relligieux ni mesmes aucune église. Ce qui cause la perte de plusieurs âmes… Pour a ce remédier ils désirent d’y travailler pour la gloire de Dieu soulz loffre qu’ils font de se retirer audit faulbourg. S’y loger à leurs fraits et y faire leurs exercisses comme il leur est permis par sa Majesté... ».

Un mois après les Echevins donnent leur accord avec la réserve que les religieux ne puissent quêter dans Lyon. L’archevêque de la ville, Denis de Marquemont, accepte lui aussi d’établir les Augustins deschaussés et, pour cette raison, l’église sera dédiée à Saint Denis.

Le 19 mai 1625 un terrain d’une superficie de 2 hectares environ est acheté au lieu-dit « le Saugey », ce qui signifie un terrain planté de saules. Il borde à l’Ouest la Grande Rue du Faubourg. Au sud, il est délimité à cette occasion par un chemin qui s’appellera plus tard « chemin Saint-Augustin »  puis « rue Saint-Denis », enfin « rue Hénon » à partir de 1895.

Le 8 avril 1629 la première pierre est posée. Les constructions avancent lentement car il est nécessaire de trouver de nombreux donateurs pour assembler les fonds nécessaires à l’édification de la chapelle, mais aussi des bâtiments du monastère qui s’appuient contre l’église à l’Ouest. Finalement, l’église est consacrée en 1714.

 Le clocher surmonté de son dôme avec un lanternon n’a pas changé depuis cette époque. Par contre la chapelle est beaucoup plus petite que l’église que nous connaissons aujourd’hui, ce qui n’est pas surprenant quand on songe que, à l’origine, le nombre de Pères Augustins ne devait pas être supérieur à 12. La nef unique a la forme d’ un simple parallélépipède d’environ 12 mètres de côté et le plafond est plat.

A la Révolution les moines sont chassés et la chapelle va devenir église paroissiale sous le vocable de Saint-Augustin en souvenir des anciens occupants des lieux. Avec les vicissitudes du moment l’église sera utilisée comme Temple décadaire, puis Temple de la Raison et elle sera finalement rendue au culte catholique en 1801 avec son vocable primitif de Saint-Denis.

Vers les années 1810, la mise au point du métier Jacquard entraîne un afflux de canuts sur le plateau et une augmentation rapide de la population. L’église est bien petite pour accueillir les nouveaux fidèles. Après avoir un temps envisagé la construction d’une nouvelle église dans le voisinage, le conseil municipal de la Croix-Rousse accepte le plan de l’architecte Antoine Chenavard. En 1834 on construit les deux bas-côtés qui ouvrent sur la nef centrale grâce à deux rangées de piliers et le plafond d’origine est remplacé par une voute surélevée.

En 1847 le choeur est édifié dans le prolongement des nefs au nord. La fin du 19ème siècle verra de nombreux aménagements intérieurs comme la chapelle orientale dédiée à la Vierge et la mise en plce des fresques du choeur.

Le  20ème siècle va lui aussi apporter sa part d’embellissements. De 1985 à 1989, une vraie cure de rajeunissement a redonné clarté et  noblesse au monument emblématique de l’histoire du plateau croix-roussien.

(*) L’essentiel de cette étude est tiré de l’ouvrage du père Max Bobichon: St-Denis de la Croix-Rousse, histoire d’une église et d’une paroisse, 1983.